L’histoire mouvementée de Taroudant
Taroudant fait partie des villes principales et plus anciennes du Maroc,
au patrimoine architectural, culturel et historique indéniable. Il est
difficile de préciser avec exactitude la date des premières fondations
de la ville, les données d’avant l’islamisation de la région étant assez
floues.
Avec la conquête de l’Islam à Taroudant en l’an 62 de l’Hégire (681
après J.-C.) le gouverneur du Souss y installa ses quartiers ; dès lors
Taroudant devint la capitale de la région et tint ainsi un rôle de
centre administratif et lieu de rencontre entre tribus voisines. Les
conquérants dépossédèrent les Amazighen (Berbères) de leurs biens ce qui
les incita à la révolte. Ainsi, Taroudant ne dépendrait plus du pouvoir
des Khalifes musulmans d’orient. Taroudant à l’époque des Idrissides
Moulay Idriss II se soucia d’élargir les frontières de l’État en
essayant de dominer le commerce transsaharien et de le concentrer vers
sa capitale Fès.
Il dirigea ainsi ses assauts au Sud et finit par asseoir son pouvoir en
812 après J.-C. Dès cette époque, Taroudant entra sous la domination des
Idrissides et perdit son rôle de capitale régionale. Cependant elle
conserva son importance commerciale de par sa position stratégique entre
le Maroc et l’Afrique subsaharienne. Sous la domination almoravide
Les Almoravides réussirent à soumettre le Tafilalet, puis le Souss.
Taroudant devint un centre administratif qui permit aux Almoravides de
contrôler la plaine du Souss. Dès lors, Taroudant reprit son rôle de
carrefour commercial entre le nord et le sud.
Sous le règne de Youssef Ibn Tachafine et son fils Ali, Taroudant fut
fortifiée par la construction de remparts et la mise en valeur des
terres agricoles. Les Almohades
La fin de la dynastie des Almoravides par les Almohades fut une époque
de conflits pour Taroudant. Les Almohades y entrèrent une première fois
en 1133, mais ils la prirent durablement en 1140.
À la suite de la capitulation de Taroudant, les tribus du Souss se
soumirent aux Almohades. Taroudant connut une stabilité politique, un
essor économique et reprit son rôle de capitale administrative de la
région. Taroudant sous les Mérinides
Les Mérinides s’emparèrent de Taroudant en 1269. Elle demeura la
capitale du Souss. Elle fut le lieu de résidence du vice-roi Mérinide.
Taroudant demeura jusqu’à la fin de la dynastie Mérinide indépendante du
pouvoir central avec un système politique qui lui était propre : quatre
notables se relayaient au pouvoir tous les six mois.
La ville souffrit du blocus imposé par les Portugais sur le littoral
atlantique. C’est ce qui amena les tribus du Souss à prêter allégeance
aux Saâdiens en 1515 qui prêchaient la guerre sainte contre les
occupants étrangers. Apogée et déclin de Taroudant Période glorieuse des Saâdiens
C’est sous la dynastie Saâdienne que Taroudant connaîtra sa période la
plus glorieuse. Elle se situera au niveau des villes comme Fès et
Marrakech. L’émir Mohamed cheikh Saâdi procéda à la fortification de la
ville, ouverte par 5 portes voûtées d’architecture mauresque, qui devint
la première capitale des Saâdiens.
Fortifiée, elle servait à rassembler et réunir les forces Saâdiennes aux
tribus du Souss afin de lutter contre l’occupation du littoral marocain
par les Portugais.
Sur le plan économique, en pleine expansion, Taroudant devint le point
de transit du commerce caravanier, et développa son artisanat local
(cuivre, cuir…) et la production de sucre dans la région.
Le développement de la culture et des sciences contribua à l’émergence
de Taroudant; Jamâa El Kébir (la grande mosquée) fut l’une des plus
prestigieuses universités de l’époque où les plus grands érudits du XVIe
siècle dispensèrent leurs savoirs. Durant cette époque, l’émirat de
Taroudant connut stabilité et effervescence intellectuelle. En 1670,
Moulay Rachid mit fin au pouvoir Saadien, et Taroudant passa sous
l’influence de la dynastie des alaouites. Les alaouites à Taroudant
Taroudant fut le lieu de résidence du Khalifa du Sultan qui appartenait à
la dynastie des alaouites dont la famille royale actuelle est issue. La
ville ayant de grandes ressources économiques et bénéficiant d’une
situation stratégique entre le Haut Atlas et l’Anti-Atlas, le Khalifa
tenta d’asseoir son indépendance vis-à-vis du pouvoir central.
En 1685, le Sultan Moulay Ismaïl assiégea la ville pour renverser son
frère et son neveu et mettre ainsi un terme aux velléités d’indépendance
du khalifat et au détournement à proprement parlé des richesses de la
fertile province du Souss. Il lui fallut guerroyer deux ans pour
combattre cette rébellion.
Le Sultan Moulay Ismaël nomma un de ses fils comme wali, ce qui permit à
Taroudant de retrouver une certaine stabilité et ce, jusqu’en 1702 où
le fils se rebella contre son père. Moulay Ismaïl envoya son autre fils
reprendre Taroudant. Après trois ans de siège et de combats, les félons
capitulèrent enfin.
Après la période de troubles qui suivit la mort de Moulay Ismaël, Moulay
Mohamed ben Abdallah, héritier du trône, conquit le Souss et fit de
Taroudant une base militaire. C’est alors que la ville fut tout au long
de cette période, la résidence des pachas et des caïds qui
représentaient le pouvoir de la dynastie alaouite.
Mais Taroudant, à cause des guerres et conflits du XVIIe et XVIIIe
siècle, perdit de sa superbe stratégique et économique, précipitant le
déclin de son opulence commerciale, notamment de son industrie sucrière.
La renaissance de Taroudant se fit par l’agriculture et par ses
artisans du textile, de la tannerie et du cuir.
Il faut reconnaître que Taroudant fut assez malmenée par l’autorité des
officiers des affaires indigènes durant le protectorat français et une
bonne partie de la jeunesse Roudani rejoignit le parti de « l’Istiqlal
», le parti de l’indépendance. Durant les années 1950, le mouvement
national se durcit et entra en résistance armée.